Le 28 octobre 2020, l’IIJ a organisé une première réunion d’experts en ligne sur la lutte contre le extrémisme violent à motivation raciale ou ethnique dans le cadre de sa nouvelle initiative, dont la mise en œuvre est soutenue par les gouvernements des États-Unis et du Royaume-Uni. Précisons que le extrémisme violent à motivation raciale ou ethnique
(REMVE en anglais) est également appelé « extrémisme de droite violent » par le Royaume-Uni et d’autres gouvernements européens.
Le nombre croissant de cas de extrémisme violent à motivation raciale ou ethnique représente une menace dangereuse qui est de plus en plus transnationale. Les acteurs de la justice pénale ont un rôle essentiel à jouer contre cette menace. Qu’il s’agisse d’identifier, d’enquêter, de démanteler et de poursuivre en justice les cellules, les réseaux et les acteurs isolés de ce terrorisme, d’incarcérer les terroristes, d’étendre la détention provisoire, de mettre en place des programmes de réinsertion dans les prisons ou d’assurer un suivi après la libération, les responsabilités des praticiens de la justice pénale dans ce domaine sont vastes et variées. Au cours des vingt dernières années, les praticiens de la justice pénale ont acquis une expérience significative dans la lutte contre le terrorisme, principalement en s’attaquant à la menace posée par Daech, Al-Qaïda, leurs filiales et succursales, ainsi que par ceux et celles inspirés par leur rhétorique. Si une partie de cette expérience et de cette expertise est pertinente pour la lutte contre le extrémisme violent à motivation raciale ou ethnique, il existe également des différences importantes qui nécessitent de nouvelles connaissances, approches, stratégies et outils. Par exemple, alors que Daech et Al-Qaïda sont des organisations structurées et hiérarchisées, la plupart des personnes impliquées dans l’incitation, le recrutement et la radicalisation au terrorisme à motivation raciale ou ethnique ne sont pas ou peu reliées, si ce n’est sur Internet, ce qui pose de grandes difficultés aux forces de l’ordre pour découvrir et déjouer les complots de ce terrorisme et de ses activités connexes.
L’objectif principal de l’Initiative de l’IIJ sur le extrémisme violent à motivation raciale ou ethnique est de déterminer comment les acteurs de la justice pénale peuvent s’attaquer le plus efficacement possible à ce phénomène, en tirant parti de la vaste expérience des gouvernements dans la lutte contre ce type de menaces – à la fois actuelles et historiques. Il s’agit ici d’une opportunité pour les praticiens de la justice pénale de partager et de renforcer leurs capacités. Grâce à une série de réunions d’experts, l’IIJ élaborera un guide du praticien de la justice pénale pour lutter contre le extrémisme violent à motivation raciale ou ethnique, mettant l’accent sur la collaboration des services répressifs avec la société civile et les acteurs communautaires concernés.
Cette première réunion d’experts en ligne a rassemblé 43 praticiens et experts en la matière, parmi lesquels des procureurs, des policiers, des enquêteurs et des décideurs politiques de 15 pays, dont l’Allemagne, l’Australie, le Canada, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, la Grèce, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Serbie, la Slovaquie et la Suède. Des représentants d’Eurojust, de la Commission européenne (CE), du Conseil de l’Europe (COE), d’Europol, du Réseau de sensibilisation à la radicalisation (RAN) de l’Union européenne, de l’Institut allemand d’études sur la radicalisation et la déradicalisation (GIRDS), de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), du Centre pour la recherche sur l’extrémisme de l’Université d’Oslo (C-REX) et du Bureau des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme (UNOCT) se sont joints à eux.
Au cours de la réunion, les procureurs et les enquêteurs qui se sont penchés sur les menaces liées au extrémisme violent à motivation raciale ou ethnique dans leurs juridictions respectives ont décrit en détail les récents efforts déployés au niveau national pour améliorer les capacités des services répressifs à cet égard. Le Dr Tore Bjørgo, Directeur du C-REX, a présenté une recherche récente et approfondie sur l’impact que les frontières juridiques nationales ont eu sur les activités du « Mouvement de résistance nordique » (NRM), un groupe terroriste à motivation raciale ou ethnique au réseau transnational, et les obstacles connexes rencontrés dans les enquêtes et les poursuites contre les membres du groupe.
Les participants ont ensuite discuté des problèmes et des obstacles qui se posent pour détecter, enquêter, démanteler et poursuivre en justice les cellules, les réseaux et les acteurs isolés de ce terrorisme, incarcérer les terroristes, coordonner et partager les informations au niveau international, collaborer avec les acteurs de la communauté, prévoir des programmes de réinsertion dans les prisons et effectuer un suivi après la libération.
L’IIJ continuera à faire avancer son Initiative sur le extrémisme violent à motivation raciale ou ethnique avec une deuxième réunion d’experts en ligne qui se tiendra à la fin de 2020. Les principaux défis – juridiques, procéduraux et structurels – identifiés au cours de ces réunions seront abordés dans le Guide du praticien de la justice pénale pour lutter contre le extrémisme violent à motivation raciale ou ethnique, qui sera publié en 2021.